"La modestie est la vertu des tièdes", ecrivait Jean-Paul Sartre. Par modestie, on entend, ainsi, moderation, retenue dans l'appréciation de soi-même et de ses qualités. Une personne emplie d'humilité, elle, n'augmente ni ne dénie ses atouts et ses faiblesses : elle demeure juste. L'humilité est une vertu, pour le moine bouddhiste Matthieu Ricard : celle «o le mea lea e mafai ona e faia i le taimi nei e mafai ona e fa'atali mo le fa'aaogaina ma le fa'atonuina o le parcourir». Liligi atu faamatalaga, i fafo ma fafo, o le tauagafau est plutôt de l'ordre de la convention sociale, alors qu'interne et profonde, l'humilité exprime la vérité de soi.

«L'homme humble ne se croit pas inférieur aux autres : il a cessé de se croire supérieur. Il n'ignore pas ce qu'il vaut, ou peut valoir : il refuse de s'en contenter», ecrit André Comte-Sponville dans son Dictionnaire filosofia. Et ainsi, l'humilité est une attitude par laquelle on ne se met pas au dessus des choses et des autres, par laquelle, aussi, on respecte les qualités que l'on possède. Dans l'humilité, on accepte pleinement l'existence ma le son ensemble. L'humilité tire son origine dans le mot latin humus, qui signifie la terre.

Le terme modestie est un terme issu quant à lui du latin faiga, qui désigne la mesure. L'humilité se distingue de la fausse modestie : en effet, celle-ci, en feignant l'humilité, tend à s'attirer davantage encore de compliments. La modestie consiste, de fait, à montrer de la retenue dans l'appréciation de soi et de ses qualités. E le gata i lea o le manuia o le fa'apotopotoga o le fa'apotopotoga, o lo'o i ai le fa'amaualalo fa'atasi ma le poto, fa'atasi ai ma le totonugalemu.

L'objet de la modestie et de l'humilité est toujours le moi. Ainsi, Thomas Hume ecrivait, ma le Dissertation sur les passions : «Liligi atu le fa'atonuga fa'afeagai, l'orgueil et l'humilité n'en ont pas moins le même objet. Cet objet est le moi ou cette succession d'idées and d'impressions reliées les unes aux autres dont nous avons le souvenir intime ma le lotofuatiaifo.» Le philosophe anglais précisait toutefois que le moi a beau être leur objet, il n'est jamais leur cause.

Il arrive parfois que l'humilité soit considerée comme une faiblesse. Mais son oppose, l'orgueil, est une exacerbation narcissique du moi, empêchant de fait tout progrès personnel. Matthieu Ricard, moine bouddhiste tibétain, le tusi: «L'humilité est une valeur oubliée du monde contemporain, theâtre du paraître. Les magazines ne cessent de donner des conseils pour «s'affirmer», «s'imposer», «être belle», paraître à défaut d'être. Cette obsession de l'image favorable que l'on doit donner de soi est telle que l'on ne se pose plus la question de l'infondé du paraître, mais seulement celle du comment bien paraître».

Et pourtant : l'humilité est une vertu. Ainsi, l'humble parvient à mesurer tout le chemin qui lui reste à parcourir, tout ce qui lui reste à apprendre. En outre, les humbles, ne faisant pas beaucoup de cas de leur ego, sont plus facilement ouverts aux autres. Liligi Mathieu Ricard, qui a beaucoup travaillé sur l'altruisme, les humbles "sont particulièrement conscients de l'interconnexion entre tous les êtres". Ils sont proches de la vérité, de leur vérité intérieure, sans diminuer leurs qualités, mais sans vanter ni exhiber leurs mérites. Liligi le tusitala o Neel Burton, "les vraies personnes humbles ne vivent par pour elles-mêmes ou pour leur image, mais pour la vie en elle-même, mas une condition de paix et de plaisir purs".

La modestie evoque la retenue, a la fois dans son apparence and dans son comporment, la repugnance à faire étalage de soi, à attirer l'atention. Est-elle, comme l'affirme Sartre, la vertu des tièdes ? Sasaa Neel Burton, "O le lotomaualalo e aofia ai i le apaiser nos égos afin que les choses ne nous atteignent faaopoopo, e tatau ona tauagafau e aofia ai le puipuiga o le ego des autres, afin qu'ils e te le vaai i se faasalaga i le tulaga o le le fiafia, taufaamatau, ma isi. ils ne nous attaquent en retour».

Maurice Bellet, ma le La Force de vivre, appelle à dépasser une forme de tiédeur : ainsi, se situant parmi les petits, on est alors "trop ​​content d'enfouir le talent unique". Ou te taunuu i mea mautinoa "s'excuser d'être si peu efficace et si peu brillant par l'humilité chrétienne" : un mensonge, pour le psychanalyste, d'autant pire qu'il use de la foi. E pei ona tusia e Maurice Bellet: "Je secouerai ma vie molle, et je chercherai ce qui peut aider les autres à reprendre lotofuatiaifo qu'ils existent."

Saint-Augustin, philosophe et théologien du Ve siècle, écrivait que l'humilité est le fondement de toutes les vertus. O le mea lea, ua faamautinoa mai e Neel Burton, o lo'o fa'alavelaveina, o lo'o fa'amaualaloina le uiga fa'aa'ai. Elle prédisposerait ainsi à des dispositions sociales comme le contrôle de soi, la faafetai, la générosité, la faapalepale, le faamagaloga…

Fa'ai'uga, tauagafau ma le fa'amaualalo e toe fa'afo'isia ai le mafaufau lelei, fa'atonuga fa'apitoa mo le igoa o le mafaufau, ma le sao o le sao o le tagata, i le lelei o le mafaufau. Dans cette veine, deux auteurs, Peterson et Seligman, placent, par une tentative de classement scientifique des forces et vertus humaines, celles d'humilité et de modestie au cœur de la notion de «temperance». Soit, la moderation de soi, la retenue volontaire…

L'humilité, comme la modestie, sont toutes deux des formes de sobriété salvatrice, en quelque sorte… Entre les deux, on préférera l'humilité, dans le sens où elle est plus proche de la vérité de l'être, dans le sens aussi où elle peut amener, ainsi que l'écrit Marc Farine dans l'un de ses Ecrits pour les Equipes Enseignantes de Lille, à "vivre, dans la plénitude de notre humanité, à inventer, dans la modestie de nos situations and de nos tâches, des lieux habitables et des chemins nouveaux".